.
  Numéro 7/8 - 2002
 
 

Jean-Damien Humair

La musique pour favoriser les rapports humains

L'école "1, 2, 3 Musiques... ", à Sion, propose un cours de "commusication", un néologisme qui reflète l'esprit général de la ligne pédagogique de l'institution.

Il s'agit de communiquer au travers de la musique ; ou autrement dit d'utiliser la musique comme une activité sociale, qui met en relation des êtres humains entre eux. Les cours de commusication sont destinés avant tout aux handicapés. L'élève touche à une quantité d'instruments différents, des plus conventionnels aux plus exotiques, dans un parcours adapté en fonction du groupe ou de l'individu. L'un des objectifs étant que l'élève se sente valorisé et intégré au sein de la société au travers de la musique.

Cette notion d'intégration de la musique dans la vie sociale sert également de fil conducteur à tous les autres enseignements dispensés par l'école. L'école vise à ce que ses élèves pratiquent spontanément la musique, en jouant naturellement pour leurs parents à la maison, par exemple, ou en faisant partie d'un ensemble. Pour cela, l'élève est très rapidement mis en contact avec d'autres : on l'invite à se produire en public dans différentes situations, qui vont du concert pour une trentaine de personnes au spectacle dans une salle de plusieurs centaines d'auditeurs ; on lui propose également d'intégrer différentes formes d'ensembles instrumentaux.

Le plaisir de l'élève est primordial. "il faut donner à l'élève ce qu'il attend au moment voulu. C'est ainsi qu'il prendra plaisir à faire de la musique", explique Nicole Coppey, directrice de cette école qui ne cherche pas uniquement à former des techniciens, mais vise à créer un lien entre la musique et le développement général d'un être humain intégré dans une société.

RMS pages 7 et 8


Hans Günther Bastian 

Pourquoi les jeunes ont-ils plus que jamais besoin de musique ?

Je suis d’avis que notre société doit favoriser la musique, à l’école notamment. La musique sculpte notre personnalité, elle aide à une meilleure qualité de vie. Les 
politiciens s’y attardent trop peu : si nombre d’entre eux savent combien la culture coûte, peu savent quelle est sa valeur réelle. C’est à nous, les enseignants et professeurs de musique, de prendre notre destin en main et de faire évoluer cette situation.
Si nous nous dirigeons de plus en plus vers une société de la connaissance, la seule politique efficace est une politique de la formation. Et avec la musique, la formation devient par la même occasion la meilleure politique sociale possible. Puisque nous serons menés à apprendre toute notre vie durant, notre formation initiale doit surtout nous donner le moyen d’apprendre à apprendre. Dans ce contexte, la musique permet notamment :

  • de nous extravertir, de favoriser l’expression, 
  • de travailler en équipe, à l’exemple de l’ensemble musical, 
  • de maîtriser notre stress, comme lors d’un concert, 
  • d’aborder le "non matériel" dans notre société post-industrielle matérialiste, 
  • de se familiariser avec l’autre, avec l’étranger.

Aussi, je postule que la musique, ou le contact avec la musique, aussi tôt que possible et dans toutes les situations, n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui.
(...) En 1876 déjà, Charles Darwin écrivait : "si je pouvais refaire ma vie, je me donnerais pour règle de lire au moins une fois par semaine un poème et d’écouter au moins une fois par semaine de la musique ; ainsi pourrais-je peut-être préserver certaines parties de mon cerveau qui sont atrophiées aujourd’hui. La perte de cette sensibilité est une perte de joie, probablement défavorable à l’intellect, et plus probablement encore défavorable au moral, puisqu’elle touche directement à notre nature émotionnelle."
Les recherches récentes en pédagogie musicale permettent de dire que — dans ce domaine-là aussi — Darwin avait raison. J’en suis convaincu, les jeunes ont tous besoin de musique, aujourd’hui plus que jamais. Une société sans jeunesse est tout aussi inimaginable qu’une jeunesse sans musique.

RMS page 13