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Nicole
Coppey
Limprovisation
chez les enfants : la dimension humaine de limprovisation
Sil fallait remonter aux sources de limprovisation
pour en découvrir ses caractéristiques, il serait
très enrichissant de faire une escale au pays de lenfance,
puisque lessence même de cette pratique réside
dans un environnement de découverte, de fraîcheur
et de spontanéité, environnement propre à
lenfant et tourné vers le devenir.
Pour improviser, il faut avoir assimilé des acquis de
richesses diverses et pouvoir les réexprimer. Sur ce point,
le travail en pédagogie musicale sattache à
transformer les concepts en formes simples et assimilables que
lenfant peut intérioriser, et à assembler
ces éléments de diverses manières pour expérimenter
leffet de ces associations. Limagination, source
dénergie novatrice, retranscrit et transforme les
acquis en fonction de la perception du monde ambiant. Doù
limportance accordée en pédagogie à
une mise en situation propice à lépanouissement
de limaginaire déjà très prolifique
de lenfant. Comme outil de communication, limprovisation
permet à la fois dentrer en contact avec lautre,
den évaluer les effets et de moduler en fonction
de ses réactions. Un véritable jeu interactif peut
sinstaller où lenfant napprend pas seulement
à sexprimer, mais aussi à écouter
et à recevoir lautre tel quil est.
En développant limprovisation chez lenfant,
on cultive limagination et lexpression, mettant au
jour les potentialités cachées de sa vie intérieure.
Cette pédagogie active, pédagogie artistique, développe
la personnalité et lépanouissement de lenfant
avec la musique comme moyen. Il sagit déveiller
par la musique encore plus que déveiller à
la musique.
RMS
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Francesco
Biamonte
Limprovisation
polyphonique sur le plain-chant
Rencontre
avec Alexandre Traube
Cest
en grande partie à travers le mouvement de recherche dauthenticité
en musique ancienne que limprovisation a repris de limportance,
ces dernières années, dans le domaine des musiques
dites "classiques". Dans ce contexte, le renouveau
des musiques médiévales a ainsi conduit certains
interprètes à se questionner sur la part du non-écrit,
ou à la possibilité pour les exécutants
dimproviser et ce notamment autour du plain-chant
et de ses mélodies codifiées.
En suisse romande, un rôle pionnier a été
joué par Jean-Yves Haymoz, professeur de contrepoint,
dimprovisation et de syntaxe musicale au Centre de Musique
Ancienne de Genève (CMA). Le maître a trouvé
un élève passionné en la personne dAlexandre
Traube.
Que sait-on réellement de limprovisation au Moyen-Age
? "Il y a avant tout certains traités, explique Alexandre
Traube, et par ailleurs le répertoire». Car des
correspondances entre les prescriptions des traités et
les pièces notées montrent que le procédé
de « composition" est dans une large mesure le même
dans le cadre de limprovisation et dans celui de lécriture.
Tout commence par le traité de Guido dArezzo, au
XIe siècle, qui décrit la possibilité pour
une deuxième voix non-écrite de partir à
lunisson, puis de descendre à la quarte parallèle,
et de terminer à lunisson. Ce qui implique des degrés
intermédiaires, à inventer sur le moment.
Une étape importante est ensuite franchie avec le traité
Ad Organum Faciendum, daté du XIIe siècle : la
voix organale qui y est décrite est le plus souvent au-dessus
du plain-chant. Cest elle désormais que lon
entend le plus. Lexercice se complique dans les techniques
ultérieures, qui font apparaître deux à trois
voix improvisées en plus du plain-chant, dont certaines
en mouvement contraire. Au XVe siècle apparaît une
manière nouvelle de construire la polyphonie improvisée
: une voix de soprano tient le plain-chant, mais ce plain-chant
est réalisé en rythme ternaire (et non plus seulement
en valeurs longues). Le ténor chante une quarte en dessous,
et la basse une sixte en dessous du soprano. La basse a de plus
la possibilité deffectuer des contretemps. Cest
sur ce modèle que Guillaume Dufay compose notamment ses
hymnes.
RMS
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Jacques
Siron
Objectifs
de la pratique de l'improvisation dans le cadre de la formation
musicale
Limprovisation
peut sintégrer de très nombreuses manières
dans lenseignement : moment dans une leçon individuelle,
cours densemble, rencontre avec dautres disciplines
artistiques, stages, etc. Limprovisation est un puissant
moyen daffiner lécoute et de recevoir la musique.
Elle est un des moyens dapprendre la musique et de développer
ses moyens musicaux et peut également servir à
sapproprier son instrument ou sa voix. Elle permet dapprendre
à jouer en groupe, déchanger avec les autres,
dinteragir avec ses partenaires.
Dès quil y a activité artistique, dès
quil y a enseignement, il y a évaluation, appréciation,
estimation, remarques, extériorisation dimpressions.
Lévaluation sert notamment à renforcer la
progression. On peut ainsi évaluer une improvisation.
Les critères de jugement peuvent être : le respect
/ non-respect de la consigne ou de la règle ; la valeur
musicale (jugement esthétique) ; ladéquation
de lidée musicale et des moyens mis en uvre
; le développement des idées, la maîtrise
de la forme, la construction du discours ; les interactions des
musiciens entre eux ; la créativité individuelle
/ collective ; etc.
Toutefois, dresser une longue liste de tous les critères
possibles risque de la noyer dans des détails fastidieux
et peu significatifs, et de passer à côté
de lessentiel : la qualité devrait primer sur la
quantité des critères. Cest du côté
pratique quil y a à inventer. Plusieurs situations
dévaluation sont à expérimenter. Laudition
publique semble plus appropriée que la situation classique
dexamen devant un jury, sans quelle soit à
exclure. Les personnes chargées de lévaluation
peuvent être mises au courant du contexte (règles,
consignes), ou écouter sans explication préalable.
Il est nécessaire de garder à lesprit que
lévaluation doit jouer un rôle dynamique,
et quelle doit contribuer au progrès des élèves
et des enseignants. Quelle se mette au service de lépanouissement
dune personnalité musicale.
RMS
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